Une louve amicale ~ Merle anciennement Holo

Âge : 19 lunes # Jeune Louve

Histoire : N'ayant pas vraiment d'histoire m'appartenant je vous faire part d'un beau texte  nommé #La louve.

Elle s’était toujours imaginé le vent comme une force palpable. Quelque chose de bien concert. Quelque chose de réel. Pas un simple déplacement d’air dû à des pressions plus ou moins fortes.

Non.

Le vent était vivant.

S’insinuant entre ses doigts repliés. Soulevant ses cheveux sauvagement. Caressant sa joue tendrement. Murmurant à son oreille. Faisant claquer les pans de son grand manteau. S’enroulant autour de ses jambes alors qu’elle marchait, déterminée. La poussant en avant.

Elle n’en avait guère besoin car, focalisée sur son but, elle sentait à peine le sol qu’elle foulait, les graviers écorchant ses pieds nus. Elle ne sentait pas la boue, l’eau souiller ses chevilles fines. Elle ne sentait plus le froid vif et mordant.

Elle ne sentait que le vent, fidèle loup à ses côtés. Les bourrasques violentes comme ses pensées. Libre comme elle.

C’était le vent qui l’aidait à se transformer. Elle vidait la tête, la remplissant de ses métaphores, le laissant prendre toutes les formes jusqu’à le devenir elle-même.

Alors, sans même s’en rendre compte, elle était devenue cette autre partie d’elle-même. Celle qu’elle tenait en laisse toute la journée, refoulée dans un coin de sa tête, acculée dans un coin de son corps. Elle effectuait des bonds élégants et, à la voire ainsi fouler le sol de la compagne, il semblait qu’elle ne touchait plus.

En réalité, c’était comme si son esprit prenait forme. Comme si, après avoir trop longtemps été enfermé dans cette prison de chair, oppressé et confiné, il s’évadait sous sa véritable nature. C’était l’instinct animal qui reprenait ses droits. La soif de liberté, la faim de grands espaces. Son âme de fauve vagabondait, son flair de prédateur s’éveillait. Elle s’offrait a la nuit, joyeusement, toute entière. Elle plongeait dans la forêt comme chez une vieille amie aux bras ouverts. La forêt tenait toujours ses promesses.

Slalomant entre les arbres, elle se déliait les membres, tendant ses muscles de chasseuse à l’extrême ne touchant le sol que durant d’infimes dizaines de secondes. Ses grands yeux jaunes, avides et perçants, jouissaient de la vue nocturne, se repaissant des détails qu’ils parvenaient à distinguer. Son ouïe toute la journée cantonnée à brouhaha inutile des humains semblait s’étirer après un long sommeil, écoutant le bruissement délicieux des feuilles sous ses pattes, le craquement d’une brindille ici, le froissement des ailes d’une chouette à l’affût par là.

Et alors, elle hurla à la lune, levant la gueule en l’air. Silhouette immobile dans la pénombre. Chimère élancée entre les arbres.

Et elle reprit sa course folle. Elle se sentait revivre.